Les enfants du Sabbat
Édition réalisée lors de l’exposition collective Les enfants du Sabbat au Creux de l’enfer – Centre d’art contemporain – Thiers.
Eliette Ballot, Cécile Body, Jean-Sébastien Dubien, Amandine Galléa, Dominique Ghesquière, Olivier Gourbière, Sébastien Maloberti, Laurent Pernel, Virginie Polanski, Arnaud Sauzedde, Mathias Schmied
impression couleur, 123 pages, 1200 ex
Photo : Joël Damase, les artistes
Texte : Lise Guéhenneux, Pierre Mabille, Marie de Brugerolle, Dean Inkster, Pascal Beausse
collection mes pas à faire au Creux de l’Enfer
co-édition : ESBA Clermont-Ferrand et ENSBA Lyon
Effractions publiques / Marie de Brugerolle
Laurent Pernel expérimente le réel selon trois modes d’investigation : L’espace public et ses codes, les fictions parodiques dont il est le héros, et le T.U.B ( Tout un Bazar) : un camion démontable aux fonctions variables. Ses mises en scène ludiques s’inscrivent dans la ville où il mène des opérations qui interrogent les usages de la cité sans des détruire mais en proposant d’investir d’autres pratique.
Ses détournements s’insèrent dans une logique fonctionnelles du mobilier urbain dont seule la position change : le déplacement est réversible. Ainsi, il ne s’agit pas de détruire, mais de proposer d’autres postures, d’autres mode d’appréhension de notre environnement dans un temps donnée. Un contrat tacite existe entre l’artiste, la ville et les usagers qui sont aussi prescripteurs. C’est une mise en exergue de la « fonction d’usage » de l’art dans la cité. Le citoyen réalise sa condition d’acteur en tant que sujet d’une histoire sur laquelle il peut agir. Sa responsabilité est effective tandis que « l’horizon d’attente restreint » de l’art dans le champ public, dont parle1 Christian Bernard, est indexé par les propositions de Laurent Pernel.
Avec « Poubelle/Basket » 1998, il transforme les poubelles d’un square en potentiels paniers de basket, en les plaçant en hauteur et en traçant un marquage au sol correspondant. La dimension du jeu s’établit dans un travail des apparences, du coté du simulacre et la « mimicry »2, dont parle Roger Caillois. Le mode opératoire est léger : pour « fait main », Laurent Pernel utilise une vitre verticale enchâssés dans un cadre qu’il peut transporter.
Il réalise ainsi des modifications « sur nature » de vues de ville qui renvoient à la tradition des « vedute » et aux expériences poétiques de Francis Ponge
La signalétique de ses instruments est le cadre d’autres performances plus sportive. « Traction », 1998, prends pour appui des poteaux de feu rouge pour installer un appareil de musculation. Pour « Bâches », 1997, Laurent Pernel installe des plastiques transparents dans un bus de façon à recréer des compartiments. Il filme les réactions, parfois vives, des utilisateurs.
LA vidéo est un des modes d’enregistrement des avatars du T.U.B. Cette camionnettes de type H Citroën, surnommée « Le T.U.B (Tout Un Bazar) », est devenue une structure démontable qui est le support d’une série d’expérience.
L’exposition de Thiers voit sa deuxième mise en service. C’est à la fois l’exploitation d’un modèle appartenant à la culture populaire, la mise en jeu de modes opératoires empruntés à l’architecture et au commerce et à la confrontation d’une figure à des contextes variés. Laurent Pernel envisage à travers ses « micro-action », les déplacements des modes opératoire en combinant des moyens d’appropriation du réel : Le sport, le commerce et la ville, pour construire des œuvres dont la validité artistique est sans cesse à rejouer.
1A propos des commandes publiques du tramway de Strasbourg
2Selon la classification de Roger Caillois, in « Les jeux et les hommes » , Paris : Gallimard, coll folio, 1967, p 45